Ronan bobine un micro Stratocaster

Hello chers lecteurs assidus du fabuleux blog de maître JP (je flatte, j’ai des trucs à demander), aujourd’hui je vais vous faire partager mes premières expériences de bobinage de micros, tout d’abord de strat. Ne vous inquiétez pas, on va s’éclater comme des fous ! Tout d’abord le matos. JP avait dans sa boutique une machine à bobiner qui ne lui servait plus. Ayant testé toute la gamme Van Zandt (hormis telecaster) ainsi que plusieurs autres sets pour lui (et bien d’autres à titre personnel), il m’a donc proposé de tenter l’expérience afin de garnir ce blog d’un bon topic qui intéressera beaucoup de monde j’en suis sûr ! De plus j’ai plein d’idées tordues, et puis étant guitariste avant tout, je serais sans pitié si le résultat est moyen. Je me suis efforcé au maximum de respecter une logique, après m’être longuement gavé d’infos diverses et variées sur le net. Mais rien de mieux que la pratique, le test pour se faire des idées valables, c’ets bien l’esprit de la boutique d’ailleurs ! Voici la machine, venue des USA via Stewmac, référence en la matière. De nombreux bobineurs professionnels utilisent cette même machine, et oui ! Voici mon installation, pour situer le contexte, je demeure en Guyane ce qui pose quelques problèmes logistiques certes, mais bon au moins j’ai chaud pendant que vous vous caillez les miches. Donc procédons ! Voici la théorie : un micro de série sonne très froid, n’a pas ou peu de chaleur, mais peu avoir beaucoup de dynamique. C’est normal, une machine va beaucoup mieux serrer le fil contre la bobine que l’homme. En effet si les fils sont parfaitement emboités et serrés les uns contre les autres, le son va être froid, probablement du à la conductance. Bon les théories sont à vérifier via des pros, mais c’est en gros ce que j’ai retenu. Pour créer de la chaleur, il faut avoir plus d’espace entre les fils, donc un bobinage moins serré, avec des défauts qui vont créer des superpositions foireuses de fils, ce qui va les éloigner les uns des autres donc. Donc pour créer de la dynamique faut serrer fort, pour créer de la chaleur faut faire des oscillations marqués qui vont aérer le son d’une certaine manière. Le tout est de ne pas être trop relâché pour tout faire rentrer dans la bobine et ne pas déborder, ce qui va m’arriver au premier micro. Pour mon premier micro, je veux tenter de faire un micro typé 50’. Cela se définis par un micro très brillant, peu puissant, peu de médium mais assez doux, des basses équilibrées. Objectif 8200 tours.

1ER MICRO

Pour installer le micro, rien de plus simple : du double face sur le support de gauche (pour bobiner dans le sens des aiguilles, ce qui est la norme). Vu combien la mythologie guitaristique très forte, j’ai décidé d’imbiber la bobine de cuivre dans de la pisse de caïman noir, comme ça si mes micros deviennent un jour légendaires on va pouvoir sauver l’espèce. Voili voilou… Donc je bobine, je bobine, et là première gourdasse : Et oui ça déborde, débobinage à la main, et on repart… Puis nouvelle cata, fil pété. Vu l’instant calme et serein et ma pleine joie de vivre un moment extraordinaire comme celui là, je n’ai pensé prendre de photo. Tentative de soudure pour réparer la bavure à l’arrache comme je sais bien le faire, mais peine perdue, le micro affichera à la fin une résistance infinie…. Gargl, on repart pour un nouveau micro.

2EME MICRO

Bon je repars en suivant le même schéma, je bobine, pas de galère, mesure au multimètre avant de souder les cables, résistance de 6,2K : YEAH ! J’installe les cables, un peu trop violemment peut-être, fougueux et débordant d’optimisme je pète le fil de masse, qui va se perdre au fin fond de la bobine. Là je déborde d’une joie contenue, et un hurlement primaire va déclencher quelques actions incontrôlées. Avec une précision et une finesse remarquable j’enfonce comme un bourrin une fine pince sur le bas de la bobine, et un miracle se produit : j’arrive à récupérer le fil !!! Mais vu la franchise de mes gestes délicats, je déclare forfait, à tort, car plus tard je vais refaire une soudure (pas propre du tout) sur ce petit rognon de fil, et là le micro affiche une résistance de 6,2K à nouveau… Y a des fois je ne comprends pas… Y a des mystères dans la vie qu’on ne maîtrise pas. Bref mais ça c’est plus tard, d’ailleurs je n’ai toujours pas testé ce micro, car entre temps il y a eu le :

3EME MICRO

Aller, une journée de repos s’est écoulée entre temps, repartons sur des bases saines. Le bobinage impecc, pas de surprises (ouf), a noter une astuce tirée de ma dernière malheureuse expérience, j’ai fait passer le fils de masse entre deux aimants afin de diminuer la zone de risque pour ce fil. Mauvaise idée, le fil passe au milieu de l’œillet, ce qui rend l’opération d’installation des câbles micros très… délicate. Ensuite je vais faire un compromis, je passe entre les deux aimants les plus éloignés pour garder un angle d’arrivée. Je ne sais pas si je vais continuer à le faire. Bref troisième micro réussi ! Bravo amigo, y a plus qu’à tester ! Le voici installé sur une plaque généreusement prêtée par JP : Au passage je découvre un effet de l’oxydation accélérée propre au climat humide d’ici, qui a eu raison de ma prise jack en 6 mois. Cette prise jack a 8 mois. Ceci dit, frotté à la laine de fer et woualou elle est repartie pour quelques mois ! Aller, le test proprement dis, et là la claque ! Wouah il sonne terrible ! Exactement dans l’esprit 50’, brillant, mais avec un côté assez moelleux en plus, si je compare au True Vintage de la gamme Van Zandt que j’ai longuement testé. Par rapport aux GNB d’usine, pas photo, ils sont beaucoup plus musicaux, plus vivants, c’est épatant. Pourtant j’avais placé les GNB au niveau de Fender… Bref j’ai pas résisté à le monter en neck de ma plaque chérie Van Zandt, avec donc en comparaison un Blues en chevalet, et un vintage plus en milieu. Je ne peux pas trop commenter, car les caractères sont beaucoup trop différents entre les différents micros. Le blues excelle en saturation et est assez rond en clairs, le Vintage plus est très doux, très fin. Donc un peu frustré de ne pouvoir comparer en condition réelles ce micro face au grand fabriquant américain. Je note quand même un poil moins de moelleux, un peu plus réactif/agressif. N’oublions pas non plus l’absence de waxpottage. D’ailleurs un phénomène intéressant : à cause de l’absence de waxpottage, tout choc contre la plaque se transmet dans le micro. Je tapote la plaque, ça s’entends dans l‘ampli (juste sur ce micro, hein). Egalement, le waxpottage a tendance à fermer un peu le micro, réduire la brillance. Chose à démontrer, ce sont des descriptions que j’ai ouïe dire. Je vérifierai ça une prochaine fois, je n’ai pas encore le matos pour faire ça. Donc mon choix suivant est de bobiner un micro beaucoup plus chaud, typé blues en fait.

4EME MICRO

J’ai d’abord voulu faire un micro identique au précédent en plus chaud, mais je suis arrivé au bout de la bobine au bout de 2000 tour, donc échec. Je garde de côté pour le jour où je saurai ressouder des bouts de fils. Faut dire avec ma tremblote en plus c’est une difficulté supplémentaire (oui je tremble comme un vieux pour info, du haut de mon quart de siècle tout juste dépassé).

5EME MICRO

Cette fois-ci, j’étais en début de bobine, là c’est le confort, on peut vraiment y aller sur la pression qu’on met, j’ai vraiment serré fort à la fin ! Micro mesuré à 7,25Kohm, cool c’est plutôt bien parti pour un bon micro. Micro monté en manche de ma plaque Van Zandt, résultat très convainquant ! Le micro est très fin, tout en ayant des médium très présents. Niveau de sortie plutôt conséquent, il est plus fort que mes deux micros VZ. Donc je vais refaire le test prochainement en le mettant en bridge et en remontant mon blues neck à sa place initiale. Là le comparatif sera plus équitable pour les autres. De plus là j’ai bien en mémoire le caractère du blues bridge, donc la comparaison va être très intéressante. Sinon mon impression vis-à-vis du micro lui-même, comme j’ai dis, très médium, rentre dedans mais pouvant faire ressortir des notes très fines ce que ne peux faire aussi bien le Van Zandt bridge. En même temps c’est caractéristique de sa position ! Donc attendons la prochaine configuration pour conclure quoi que ce soit. N’oublions pas l’absence de waxpottage, par ailleurs j’entends un petit buzz supplémentaire sur mon micro probablement du à cela. Saviez vous que la fonction principale du waxpottage est de figer la bobine, afin que le fil de vibre pas suite aux variations électromagnétiques de l’aimant ? Et oui, ça n’a rien à voir avec les champs électriques extérieurs ! Je dormirai moins bête ce soir…

NOUVEAU TEST R05 EN BRIDGE

Là le test va être plus précis, R05 en bridge, Van Zandt Vintage + en milieu toujours, et le Van Zandt blues neck retrouve sa place d’origine. Là grosse surprise, R05 est très précis,  et rends superbement les attaques, fortes comme subtiles. Très chantant, souple, vraiment un bonheur ! A côté de ça le Van Zandt a une présence en bas médium très sympathique, mais ne permet pas autant de subtilité que R05. Il est vraiment rentre dedans, plus équilibré sur un jeu en accord, ce que j’avais retenu sur le Blues bridge également. Pour moi deux hypothèses sur les différences constatées : soit la qualité de l’aimant (tous les micros ici présents sont en AlNiCo V),  soit le diamètre de fil ; En effet le blues semble avoir un fil plus épais que R05. Par contre le Vintage + semble avoir le même diamètre de fils, et d’ailleurs il fait aussi bien ressortir les subtilités d’attaques que le mien. Par contre, même remarque que précédemment, celui-ci dégage une douceur bien supérieure aux autres, un micro vraiment très agréable, pas étonnant que ce soit le favori de beaucoup dans la gamme Van Zandt. Donc un caractère résolument plus moderne sur mon micro, je rappelle tout mes micros sont fabriqués à partir de kits GNB. Vu que je n’ai qu’un diamètre de fil disponible, je ne peux estimer clairement l’influence de ce critère. Je vais plutôt bobiner une bobine vide d’un Van Zandt que JP m’a envoyé, de la même manière dont j’ai bobiné R05. Comme ça on va bien voir si c’est l’aimant le responsable de la différence. Si les différences ne sont pas significatives, on pourra partir plutôt sur la thèse du diamètre de fil. Bref encore un peu de boulot en perspective ! Heureusement j’avais pris de bonnes notes de comment j’ai bobiné R05 !

6EME MICRO

JP a donc récupéré un Van Zandt Vintage + HS, pour une raison inconnue (le bobineur en avait renvoyé un opérationnel très rapidement). Donc on enlève le fil de cuivre, et nous voilà avec une bonne base pour poursuivre les tests. Je rebobine donc ce micro comme j’ai bobiné R05. Je note un niveau de sortie un peu plus fort, mais de trop peu pour dire que ça a une réelle influence. J’ai pourtant bien respecté les mêmes 9000 tours que R05. Je le monte sur ma plaque, et là Ô surprise, ça ne sonne pas pareil ! Beaucoup plus moelleux, vintage en fait ! Différent d’un vrai VZ, plus aéré et riche, mais pas waxpotté je rappelle, ainsi qu’un fil probablement de diamètre différent. Ce micro est très chantant, assez agressif et bien plus brillant que les autres, mais moins que R05. On sent vraiment le caractère donné par l’aimant.  Je n’ai pas fais de samples car je doute que toutes les nuances puissent passer (rappelons que pour être mis sur le net un fichier son est archi compressé, donc pour saisir des subtilités comme ça…), c’est surtout en jouant qu’on sent la réaction du micro à nos attaques. Bref y a pas à chiquer, le caractère Van Zandt, ce n’est pas que du bobinage, bien que ce soit sa réputation première. Et oui le père Van Zandt était très réputé comme rebobineur de micro Fender des 50’ et 60’… Ca impose !

CONCLUSION

Donc de bien belles expérimentations, ce qui confirme mes impressions, à savoir que la qualité des matériaux de Van Zandt est bien spécifique, les aimants ont vraiment un rôle très important dans le rendu. Peut-être est-ce un vieux stock d’époque qu’il utilise ? On ne sait pas, le sieur est très discret là-dessus. Sinon j’ai pu voir qu’un bobinage est assez simple, pourvu qu’on aie une machine adéquate. Le fil de bobinage reste relativement solide sauf en fin de bobine où ça devient une galère. Mes prochaines expériences concerneront donc le waxpottage, mais là il faudra s’armer de patience, je vais devoir trouver le matos, et surtout le plus dur, le temps ! Aussi il me reste un comparatif à faire, entre un micro bobiné à l’arrache, et un micro bobiné suivant un plan réfléchit. Je ne l’ai pas indiqué, mais j’ai suivi un plan de bobinage précis pour chacun de mes micros. Là il me reste donc quelques tests pour mettre vraiment en évidence en quoi la manière de bobiner influe sur le son. A bientôt pour de prochaines aventures, gros merci à JP qui m’a permis de réaliser ces expériences sympathiques !

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